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L'onirisme selon Jacquemus Fall Winter 2016


Si le défilé de l’été 2016 a fait ressortir en son temps une légère salve de mélancolie, Jacquemus ne perd pas de temps pour se ressaisir et utilise l’hiver 2016 comme l’arbre fruitier de sa « Renaissance ». Tel est d’ailleurs l’intitulé de la collection, qui souligne à nouveau la dimension enfantine de l’univers du créateur et la joie de vivre qui l’anime tant. 

Beaucoup se demandent si Jacquemus à tout pour réussir ; il peut en tout cas se targuer d’avoir fait sourire Anna Wintour à plusieurs reprises. Et ce n’est sûrement pas la bande son, complètement décousue, parfois irritante par tant d’hésitations et d’inconstances, qui a rompu le charme de ce voyage au pays de Oui-Oui. La musique est tellement bordélique que tout le monde se demande si l’effet est volontaire, et Jordie trouve toujours que « c’est dur dur d’être un bébé »… Quoiqu’il en soit l’univers est poussé à son paroxysme dans cette tente où il fait noir. Seul un halo de lumière éclaire le podium d’un long filament blanc. Et tel un rêve, la femme Jacquemus se faufile derrière des créations audacieuses qui mettent à mal toutes les règles de proportions. D’un gros costume masculin à la carrure XXL à des bretelles fines en lévitation, le vestiaire se veut hybride dans des pièces souvent inachevées, adeptes de superpositions et asymétries. Du déchiré, recollé, froissé, plié coloré : les conjugaisons sont multiples à l’image des basiques réinventés. Les pulls dégoulinent au niveau des manches, les tailleurs se réparent à coups de noeuds et un tutu se fait fraise. L’excentricité est de mise. 

Toujours très fort pour utiliser l’imaginaire populaire comme un atout d’élégance, l’imprimé carreaux qui rappelle les bonnes vieilles nappes de pique-nique ou de brasseries opèrent un retour en force avec Jaquemus. Simplement noué autour de la taille où plus largement utilisé pour confectionner une robe ou un manteau, le motif se décline à l’infini, quitte à s’assembler avec du tartan dans un mic-mac hasardeux. La silhouette est loin de se tenir à carreaux ! L’esprit libre de ces bêtises se donne ainsi du style dans des cuissardes bicolores ultra désirables pour des associations toujours plus improbables. Même le sein se montre histoire de faire taire les dires sur la fuite de celui de Gigi Hadid lors du show Versace. Un beau pied de nez dans une dictée parfaitement orchestrée avec une robe ronde en signe de point. 

Telle une dissertation plus approfondie que les saisons passées, Jacquemus rend un devoir réussi, synonyme de références et de poésie. L’enfance y devient un monde de douceur et de culture où les codes y sont réinterprétés dans une sensualité qui ne demande que, comme les paroles de Marie Laforêt clôturant le show le suggèrent, de lui faire l’amour. 
On retiendra : l’extravagance expérimentale du vestiaire et la touche rétro qui l’accompagne. 
La pièce sublimatrice : la silhouette au costume en tartan brun XXL.


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