Faussement ludique et empreinte d’une certaine dramaturgie, le défilé Jacquemus du printemps-été 2016 n’oublie en rien son âme d’enfant et continue d’habiller, cinq an après, d’une certaine naïveté l’univers singulier qu’il s’est lui même créé.
Bien loin du faste des premiers défilés ultra pop et colorés, la saison s’annonce plus sombre ; tout du moins dans sa présentation. Au fond d’un grand hangar noir, le show de forme circulaire propose une ode à l’enfance dans une scénographie métaphorique d’une piste de cirque. Articulant nez rouge, longue cravate et cheval blanc, Jacquemus repeint un rêve aussi étrange et énigmatique puisse-t-il être. Il enrôle pour l’occasion son cousin de sept ans, Jean, pour donner à cette insouciance une vraie figure enfantine.
Dans une certaine mélancolie, la collection reste fidèle à l’univers de la maison et conte une histoire qui laisse échapper une certaine inquiétude. Seule la naïveté d’un enfant peut supporter le poids des responsabilités et en guise d’espoir, Simon Porte Jacquemus arrive au côté d’un cheval blanc. Un entracte plein de poésie qui laisse repartir sur les chapeaux de roues les modèles et leurs tenues "bleu blanc rouge". Très pourvues d’asymétries les silhouettes coupent, recollent et dispatchent les basiques. L’oversize devient réconfort et nouer son top, un atout de séduction. On s’amuse : tout est permis et surtout la déstructuration du vêtement. Vestes marines, chemises blanches, jupes plissées et demi pantalon deviennent une feuille sur laquelle s’exprimer. Le costume fait du trompe l’oeil alors que le cercle, symbole de l’éternel recommencement, reste le motif fétiche de la saison.
Après avoir remporté en juillet dernier le Prix spécial du Jury (et la somme de 150 000euros) lors de la dernière édition du LVMH Prix, Jacquemus nous revient, dans l’esprit, plus anxieux que jamais laissant tomber quelques larmes de sang en guise d’inspiration. Une faiblesse avouée mais parfaitement exploitée. A pied ou à cheval Jacquemus avance avec persévérance...
On retiendra : l'esprit plus théâtral du show et sa mélancolie.
La pièce sublimatrice : les tops retravaillés à partir de vestes.
