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Retour sur un Pitti Uomo qui s'impose


Créé en 1971 par l’italien Raffaello Napoleone, toujours responsable de l’organisation de l’événement à Florence, le Pitti Uomo célèbre sa 90ème édition autour d’un programme 5 étoiles à faire pâlir plus d’une Fashion Week. 

Entre Londres où les prouesses créatives ont plus que déçu et Milan et son programme réduit faute à des défilés homme et femme qui commencent à se réunir, mais surtout à la grande valse des directeurs artistiques qui frappe le milieu, Florence et son événement 100% masculin tend à s’imposer comme la référence du secteur. Une aubaine pour le Pitti qui, pour le printemps-été 2017, rafle la mise et s’attire toutes les bonnes étoiles du moment. 

A chaque jour son show 
Dès l’ouverture du salon ce mardi 14 juin, l’ensemble des invités et participants ont ainsi commencé tout en douceur leur séjour avec l’exposition de Karl Lagerfeld qui inaugure au Palais Pitti « Visions of Fasion », une compilation de photographies directement signées du Kaiser. 
"Daphnis and Chloe", 2013. Karl Lagerfeld
La deuxième journée est, elle, marquée par la présentation de la nouvelle collection, tant attendue, de Gosha Rubchinkiy ; l’invité d’honneur de l’édition. Depuis deux ans, le créateur repéré par Rei Kawakubo de Comme des Garçons avait l’habitude de présenter sa vision streetwear, postsoviétique directement à Paris lors de shows aussi intimistes qu’événementiels. Pour l’été 2017, c'est donc sous le soleil de Florence que le créateur confirme son style singulier et débute son show par une poignée de costumes jusqu’à aujourd’hui bien absents dans son vestiaire. Epaules trop larges, ensembles dépareillés, matières brillantes et boutonnage croisé, les silhouettes évoquent la dislocation de l’URSS et les nombreuses difficultés qui ont suivi pour les citoyens russes. Avoir un costume neuf était dès lors inimaginable dans ce contexte. Suite à la parenthèse tailoring, le créateur renoue vite avec les ensembles sportswears détournant les sigles des marques Kappa et Sergio Tacchini pour les remplacer par son prénom en lettres cyrilliques. Il en profite également pour faire une collaboration qui risque de faire grand bruit avec Fila : célèbre marque de sportswear révélatrice des années 90. De quoi redonner un petit coup de jeunesse à notre vestiaire. 

Dernier grand tournant du Pitti, la clôture du salon par le show Raf Simons. Pour sa troisième participation à la grand-messe internationale de la mode masculine, le créateur, ex-dior, avait prévu large avec une grande retrospective revenant sur ses vingt ans de carrière. Mise en scène autour de 260 mannequins (en plastique) dans les hangars de la Stationne Leopolda, l’exposition se veut vivante avant la présentation de sa collection printemps-été 2017 qui elle aussi n’a pas déçu. Avec des silhouettes minimalistes sur lesquelles étaient apposées des reproductions du photographe Robert Mapplethorpe, la collection confirme l'attrait du créateur pour l'art et les collaborations. Un travail mémorable qui rend hommage à l'artiste tout en restant fidèle à l’esthétique « youth culture » de Raf Simons. De quoi rendre plus abordable les travaux du photographe ; chacun pourra ainsi s’offrir son propre tirage, même ceux du pénis le plus cher du monde issu de sa série "X portfolio" dont une veste sans manche ou un top font l’apologie de ce sexe en érection que l’on ne saurait voir. De quoi faire sensation et s'interroger sur les nuances et limites de la mode et de l'art. Mais après tout c’est peut être ça aussi la mode : la réflexion. 

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