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A la Fashion Week de New York, la mode c’est maintenant et tout de suite


Alors que le milieu du vêtement opère, maison après maison, une véritable révolution en renonçant à son fonctionnement historique, New York fait figure de proue de cette nouvelle partition consumériste de la mode. Si après chaque défilé les clients devaient attendre en moyenne six mois pour retrouver les créations en magasins, l’industrie de la mode tente de repousser les limites du temps sous l’influence toujours plus importante de l’Internet. 

À l’heure où les réseaux sociaux ont tous les pouvoirs et que l’information se propage à une vitesse grand V, les consommateurs veulent obtenir le luxe de l’immédiat. Attendre n’est plus le symbole d’une excellence mais l’affront d’une génération inscrite dans l'instantané. Bousculés par tant d’impatience, les créateurs voient ainsi progresser toujours plus fortement, à leur instar, les groupes de fast fashion, qui en six mois trouvent largement le temps de s’inspirer plus que largement des podiums.
«Si vous pensez que le consommateur va se souvenir de ce qu'il a vu dans huit mois... Entre temps, il aura vu des milliers d'images» relève Marshal Cohen, analyste au sein du cabinet de conseil NPD Group. 

La mini-révolution maintenant en marche, rapprochant l’instant de présentation directement aux consommateurs, se veut la réponse structurelle pour lutter contre les contrefaçons et renouer l’attrait des clients. Ouvert plus largement au grand public, New York cherche aussi à couper le secteur de sa traditionnelle réserve d’exclusivité pour mieux la propulser aux yeux d’acheteurs jusqu’alors ignorés. Les méandres de la rentabilité ne sont jamais bien loin et souvent le fruit de nouvelles adaptations. 

Vêtements SS 16
Avec cette saison automne hiver 2016 qui s’annonce, nombreux sont les créateurs qui emboitent le pas aux engagements pris coup sur coup par Burberry, Vêtements, Tom ford ou encore Paul Smith, se désolidarisant du fonctionnement traditionnel pour mettre en vente immédiatement après le show leurs créations. "Dans un monde qui est devenu de plus en plus instantané, la façon actuelle de présenter une collection quatre mois avant qu'elle ne soit disponible pour les acheteurs est une idée datée et qui n'a plus de sens. Aujourd’hui, nos clients veulent une collection qui soit disponible immédiatement"  souligne ainsi Tom Ford qui a annulé son show prévu lors de la Fashion Week pour le présenter en septembre prochain. Suite à ces révélations, la créatrice américaine Rebecca Minkoff est la première à faire acte du même engagement en proposant directement à la vente 70% des pièces qu’elle venait de présenter. Suivent Diane von Furstenberg, Michael Kors ou encore Rory Bruch avec « quelques silhouettes » directement disponibles en boutiques. Également adepte de la stratégie, Tommy Hilfiger se réorganise en interne pour être opérationnel d’ici un an.
Diane von Furstenberg FW 16
Si le glissement de fonctionnement a de quoi enthousiasmer par le caractère plus visionnaire et instantané qu’il apporte, certains créateurs n’y retrouvent pourtant pas l’occasion de réduire la pression sur la création. Zac Posen s’inquiète de ce réaménagement et du risque de surconsommation qu’il implique rappelant que la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde et que le nombre de vêtements jetés a triplé ces dernières années.. Mais ne devrions-nous pas plutôt y voir encore un argument porteur d’une prise de conscience pour une mode plus responsable? Loin d’être isolé, Zac Posen peut aussi compter, dans son opposition, sur Jason Wu qui clame à qui veut bien l’entendre que le temps est un luxe indispensable au système.
Zac Posen FW 16 Backstage
Encore expérimental, l’engagement a de quoi rajeunir un système vieux de plus de 50 ans et de redonner au mercato de la mode de nouveaux objectifs plus rationnels conciliant conditions de créations, services aux clients et rentabilité. Car c’est bien là qu’est le nerf de la guerre. Reste donc à savoir si cette révolution aura un impact sur les ventes et qu’elles en seront, négatives ou positives, les réactions.

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