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Le temps qui passe Thom Browne Fall Winter 2016

Dernier créateur à présenter sa collection lors de la Fashion Week parisienne, l’incroyable Thom Browne s’inspire du temps qui passe et de l’usure qui l’accompagne autour d’un défilé-performance aussi envoûtant qu’époustouflant. Comme on dit : le meilleur pour la fin. 

Réputé pour ses mises en scènes spectaculaires, le créateur américain, petit ovni de la mode, transforme un hangar du Paris Event Center de la porte de la Villette en un décor théâtral camouflé jusqu’au début du show derrière de grands draps blancs. Une fois la lumière tamisée, la représentation peut commencer. Deux mannequins s’approchent alors d’un pas lancinant pour mieux révéler, un à un, l’ensemble des éléments du décor. De gigantesques cadres vides se confrontent au public. Une fois la pièce maîtresse dévoilée ; un énorme lustre de cristal, les deux compères prennent place sur des fauteuils, face à face, pour rester figés, chapeau sur les genoux, tout le long du show. Le coup d’envoi est lancé. 

Dans une démarche toujours très lente, presque figurative, une horde de mannequins se lance à la conquête du podium. Lancés trois par trois, leur complémentarité rend gloire au temps qui défile. Le premier modèle fait office d’une élégance nouvelle puis les deuxièmes et troisièmes mannequins qui suivent marquent le temps à travers l’usure de leurs vêtements. Une fois le podium parcouru, le trio se positionne dans le décor et les mannequins se regardent les uns les autres entre les cadres, symboles de ce miroir du temps qui passe. 

Le visage caché par des chapeaux melon tantôt noir, en tartant gris, ou incrustés de perles le mysticisme qui est mis en scène se fait le jeu de l’anonymat. Mais en bon gentleman, l’homme Thom Browne conserve pour autant une allure digne d’élégance où les manteaux à cols fourrure et les tailleurs que l’on retrouve souvent déchirés ou étiolés conservent un caractère bien habillé. Non sans un sens de l’humour, noir de surcroit, Thom Browne ironise sur ses fascinations morbides en accompagnant, sur deux tableaux, les silhouettes de Teckel transformés en sac. Sortir le chien devient ainsi tout de suite plus marrant. 

Si l’esthétique du vestiaire reste quelque peu la même que les saisons passées, la capacité du créateur à théâtraliser son univers couple le souffle. Véritable allégorie du temps qui passe, la collection de l’hiver 2016 retrace la vie d’une pièce textile pour mieux relater le charme qui la caractérise à chaque étape de son existence. 
On retiendra : comme toujours la scénographie, mais aussi la beauté de la décrépitude du vêtement. La pièce sublimatrice : indéniablement les manteaux.



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