Du 29 septembre au 7 octobre dernier, la Fashion Week Parisienne nous a emporté dans le tourbillon des défilés printemps-été 2016. Entre pureté, première fois et joie de vivre, il s’en passe des choses ; et il s’en montre. Bien au delà des simples tendances qui défilent sur les podiums, de jeunes créateurs percent, d’anciens noms reviennent et certains instants imprégnent de leur force le temps. Décryptage de ces choses et moments qui ont fait de cette Fashion Week son unicité.
La mode aime Paris mais Paris aime t’elle la mode ? la Mairie s’engage
Avant même que la Fashion Week ne commence, tout Paris était recouvert de la campagne publicitaire émanant de la Mairie « La Mode aime Paris ». Si l’on se demande depuis un bon petit temps si la Ville de Paris faisait réellement quelque chose pour promouvoir et développer le secteur de la création vestimentaire, la réponse devient plus flagrante : pas vraiment mais c’est en devenir. Au delà de l’engagement assuré directement par les services de la Ville qui comptent développer des actions concrètes pour les années qui viennent, ces premières annonces ont surtout été soulignées par un grand rassemblement des gens de la mode autour d'un cocktail à l’Hôtel de Ville en fin de Fashion Week. Il reste maintenant à attaquer le vif du sujet mais cela semble prometteur. Patience, patience...
Petit à petit l’oiseau fait son nid
Terrain de jeu des plus grands noms de la mode, la capitale française souffre depuis plusieurs années d’un manque réel de soutien à la jeune création. Si Londres au contraire tant à exploiter le filon au maximum, Paris essaye, tant bien que mal, de récupérer son retard. Si le phénomène a de quoi questionner c’est sans inquiéter les trois nouveaux noms émergents qui font déjà beaucoup parler d’eux après une première saison dans le programme officiel. Aalto, lancée l’année dernière par le créateur finlandais Tuomas Merikoski prône ainsi un vestiaire au style nordique à l’élégance bien parisienne. Avec une singularité tout aussi marquée, Nehera, griffe des années 30 relancée récemment, joue sur les volumes et la fluidité pour intellectualiser la silhouette alors que Christelle Koché opte d’avantage pour une collection mêlant street culture et savoir-faire artisanal. Déjà connus, d’autres «petits» continuent à grandir avec des Léa Peckre, Jacquemus, ou Vêtements devenant de vraies références.
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| Aalto SS16 |
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| Nehera SS16 |
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| Koché SS16 |
Courrèges : le renouveau
Après plusieurs décennies d’absence, Courrèges, célèbre maison créée en 1961 par André et Coqueline Courrèges, renaît de ses cendres à son rythme. Depuis son rachat en 2011 par le duo de publicitaires Jacques Bungert et Frédéric Torloting et la nomination en mai dernier des deux créateurs français Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant, la belle endormie ne cesse de se réveiller pour venir s’exprimer aux yeux de tous dans une nouvelle ère. Véritable événement ou avénement ; on ne sait plus vraiment, le défilé s’appuie sur peu de pièces mais reste fidèle aux fondamentaux de la maison : le minimalisme. De la mini jupe à la robe en A en passant par les vestes en vinyle, la philosophie du prêt-à-vivre se prévaut du prêt-à-porter.
Le "Face to Fesse" à la Owens
Habitué des frasques, Rick Owens -renommé Dick Owens en référence à son défilé masculin de l’hiver 2015- se la joue « Face to Fesse » pour son été 2016. Un moyen d’attirer l’attention efficacement, et pour les plus réfléchis de questionner sur la notion de langage à travers le vêtement. Entre performance et attraction inutile, le show s’amuse à présenter des silhouettes siamoises en miroir. L’été 2016 sera donc sportif mais surtout prêt du corps. Prévoir un baudrier ou un porte bébé en guise d’accessoire et surtout ne pas oublier d’avoir une épilation irréprochable au risque de perdre sa meilleure amie ou petite copine. Improbable, loufoque mais aussi magique, le créateur américain frappe si fort que l’on en oublie la collection. Pas grave dira t’il : l’esprit conduit directement au produit.
Promo Vêtements chez Balenciaga.
Le meilleur pour la fin? Sûrement. Alors que tout le monde souffle de pouvoir enfin apercevoir la fin du tunnel de ce marathon Parisien le nom du prochain directeur artistique de Balenciaga est tombé. Les spéculations étaient fortes et intenses. La question revenait à chaque rencontre, discussion ou diner mondain : Qui pour remplacer Alexander Wang chez Balenciaga ? Chacun y allait de ses sources mais personne ne s’attendait à cette nomination pourtant si révélatrice de notre époque. Le designer de Vêtements est le nouveau directeur artistique de Balenciaga. Une surprise qui n’en est pas réellement une mais qui suscite une véritable controverse. Particulièrement courageux, ce choix marque l’arrivée d’une nouvelle génération de créateurs qui, de leurs parcours atypiques et souvent anticonformistes, renouent avec une créativité souvent transgresive mais pleinement impliquée dans le produit. Une nouvelle façon de voir la mode et donc de l’apprécier.
