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31ème Festival de mode de Hyères : on a refait la finale


Sous un Hyères bien couvert, la 31e édition du Festival de mode et de photographie de la ville s’est clôturée lundi dernier, mettant en avant trois nouveaux designers pour leur créativité. Pourtant, à l’ombre de ces victoires, on se questionne sur le choix définitif et en éternel insatisfait que nous sommes, nous avons refait la finale. 

Être sélectionné dans les 10 finalistes du festival est déjà une belle victoire en soi mais c’est surtout un gage de qualité indéniable sur un CV. Pouvoir se confronter à un jury de professionnels avec en tête Julien Dossena, le styliste de Paco Rabanne âgé de 33 ans, lui même vainqueur du festival en 2006, a de quoi faire rêver et propulser les égos vers l’infini. Mais avoir le graal d’un prix donne à ce moment une intensité encore plus forte, sûrement indéfinissable, capable de lancer plus d’une carrière. Alors oui, le combat est fraternel mais acharné. Que le meilleur gagne donc ; mais encore faut-il être d’accord sur la notion de "meilleur". Les gagnants des uns sont bien souvent les perdants des autres. Alors que dire, que faire mis à part, chacun, refaire le monde constamment pour y placer ses gagnants ? 

Les résultats officiels donnent le Grand Prix du jury au Japonais, diplômé de la Central Saint Martins, Wataru Tomonaga, pour une collection masculine questionnant les limites de ce vestiaire et de l’homme contemporain. Une victoire 100% masculine où couleurs et techniques, classiquement féminines, transforment le regard de et sur l’homme, derrière une audace visuelle très forte.

Wataru Tomonaga / Grand Prix
De son côté, le prix du public a été décerné à la créatrice Suisse passée par le Royal College of Art, Amanda Svart, dont le travail s’inspire des sculptures abstraites de Barbara Hepworth. Mais c’est surtout au niveau du prix Chloé et de la mention spéciale du jury que notre propre cohérence prend âme en venant récompenser le travail du duo finlandais diplômé de l’université Aalto d’Helsinki : Hanne Jurmu et Anton Vartiainen. Première vraie révélation de cette édition, le caractère à la fois bohème, couture et sophistiqué de leur ligne fait acte d’un raffinement riche de poésie et d’engagement. Avec leurs grands aplats de fleurs collées et leur matériaux recyclés, leur collection masculine transforme l’homme en un Neo-cow-boys adepte d’une Nature bienfaitrice. 
Amanda Svart / Prix du public
Hanne Jurmu & Anton Vartiainen / Prix Chloé et mention spéciale du jury
Avec ses silhouettes aux allures d’androïdes, la Franco-Américaine Clara Daguin, diplômée de l’école nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, réveille le futur par l’attrait technologique de son vestiaire. Elle façonne ainsi le dressing féminin derrière une véritable allégorie de la symbiose entre naturel et artificiel où des fibres lumineuses, soigneusement incorporées dans ses créations, s’allument au rythme des battements du coeur. Clara démystifie la technologie en même temps qu’elle la rend poétique tout en rappelant la place de l’Homme dans un monde de plus en plus numérique. Allez, posez votre tablette et instagram, la question est réelle !
Clara Daguin
Dans la continuité de ce délire connecté, Yuhei Mukai, japonais étudiant à l’University of Applied Arts de Vienne, apporte, non sans humour, une touche de fraicheur ultra pop qui chante la vie, au delà des réseaux sociaux, à coup de selfies. Originaire du Japon et installé en Autriche, il croise des cultures qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Les arts décoratifs viennois rentrent ainsi en collision avec l’attrait plus kawaii de la jeunesse japonaise. L’allure en devient bien amusante avec un mélange de survêtements en velours, de couleurs acidulées et de visages de mangas imprimés sur des foulards portés directement sur la tête. Mais n’allez pas y voir une quelconque référence islamo-idéologique au port du voile. Dans le climat de tension à cet égard, Mukai rassure : lui ne veux que s’amuser.
Yuhei Mujai

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